Magyd CHERFI (né en 1962) (23 citations).



photo © Polo Garat. 

Citations de Magyd Cherfi. Article publié le 12/10/2016 à 22h13 et mis à jour le 01/07/2024 à 10h29.
Conseil de lectures de Magyd Cherfi : Livret de famille ; La vie de ma mère.

"Une énergie soudaine lui était venue d'on ne sait où. Son souffle, c'était pas un souffle d'épuisement mais bien celui d'une sportive heureuse d'être essoufflée. Je n'en revenais pas, j'étais même jaloux de cette volonté nouvelle." (Magyd Cherfi In La Vie de ma mère : roman. Arles : Actes Sud, 01/2024, p. 232).

"Elle a levé ses bras, a soupiré comme si Dieu pouvait se métamorphoser en rhumatologue, en n'importe quelle blouse blanche susceptible de la guérir." (Magyd Cherfi In La Vie de ma mère : roman. Arles : Actes Sud, 01/2024, p. 71).

"J'ai pas voulu répéter ce que je suis et qui n'est pas ce qui paraît." (Magyd Cherfi In Livret de famille : récits. Arles : Actes Sud, 2011, Babel, p. 9).

"C'était une époque où la nationalité faisait le métier : si t'étais algérien, c'est que t'étais maçon ; portugais, c'était le plâtre ; marocain, t'étais aux fraises ; polonais, au charbon... Dans tous les cas, t'avais mal au dos". (Magyd Cherfi In Livret de famille : récits. Arles : Actes Sud, 2011, Babel, pp. 12-13).

"Nos mères s'étonnaient de rencontrer des Français plus pauvres qu'elles. Ca devait pas aller ensemble, être français et très pauvres en même temps. (Magyd Cherfi In Livret de famille : récits. Arles : Actes Sud, 2011, Babel, p. 13).

"Le football est-il de droite ? Ou plutôt, existe-t-il un footballeur de gauche ? Franchement, je me pose la question. Est-ce qu'il arrive à un footballeur de ne pas aller au plus offrant ?". (Magyd Cherfi In Livret de famille : récits. Arles : Actes Sud, 2011, Babel, p. 27).

"Le foot, je le regarde pas à la télé, ou si peu. Pour une grosse faillite de TF1, j'aurais pas peur de deux ou trois défaites." (Magyd Cherfi In Livret de famille : récits. Arles : Actes Sud, 2011, Babel, p. 29).

"Précoces, on s'assumait gaulois depuis belle lurette, fiers du siècle des lumières dont on se sentait héritiers. (Magyd Cherfi In Livret de famille : récits. Arles : Actes Sud, 2011, Babel, p. 59).

"Cette année-là, je suis entré en sixième. Mon grand frère a été déporté dans ce qu'on appelait alors cinquième de transition. Le mot est délicat mais, dans nos têtes, la transition voulait dire "Cayenne". (Magyd Cherfi In Livret de famille : récits. Arles : Actes Sud, 2011, Babel, p. 117).

"Je me suis fait les plus belles promesses comme on chuchote l'éternité aux filles, des promesses innombrables comme les plaies de l'enfance." (Magyd Cherfi In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, p. 71).

"La musique est là qui masque nos désaccords, n'est-ce pas son rôle ? Elle tend un vaste drap tout autour de nous qui nie les fêlures. La musique sert à ça, à faire illusion. Mais c'est aussi de l'illusion qui naissent les rêves". (In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, Babel, p. 76).

"Je semais le trouble en évoquant le sens des choses." (Magyd Cherfi In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, p. 81).

"On le sait bien que tu n'es pas heureux ni malheureux, t'es en stand-by mon frère, seul dans un ascenseur bloqué. T'appelles pas au secours, tu veux pas qu'on prenne ta peine en flagrant délit." (Magyd Cherfi In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, p. 84).

"Il n'était pas rare qu'un chien brûle au mileu de la rue sans que personne y porte plus d'attention. Pas rare que le spectacle vire du sanglant dont à l'hilare." (Magyd Cherfi In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, p. 109).

"J'ai perdu mon grand frère à l'âge de douze  ans. Je veux dire que je l'ai perdu d'une certaine façon le jour où l'école lui a signifié qu'il était temps pour lui de penser à la vie active et de choisir un métier pour son avenir. Si à douze ans la vie n'a pas d'aiguilles, elle n'a pas non plus de boussole ; à cet âge, on ne marche pas, on erre." (Magyd Cherfi In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, p. 113).

"Un foulard bariolé cachait des cheveux aplatis. Elle s'en foutait : sa beauté, c'était nous. Elle n'existait plus depuis nous." (Magyd Cherfi In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, p. 119).

"En voyant pleurer ma mère ce jour-là, j'ai cessé d'être un enfant. La douleur, trop grande, pour mon cœur, m'a enfermé dans une haine des humains." (Magyd Cherfi In La trempe. Arles : Actes Sud, 2007, p. 128).

"En écrivant, on sublime forcément cet effroi qu'est le réel." (In Ma part de Gaulois. Arles : Actes Sud, 08/2016, p. 10).

"J'ai longtemps maudit ma mère de m'avoir tant couvé, dans les cités ça ramollit l'âme, ça vous fait poli, poète et merdeux, détesté de la bande." (In Ma part de Gaulois. Arles : Actes Sud, 08/2016, p. 13).

"Dingue, mes copains n'aimaient pas les "je te prie", "pardon" ou autre "s'il te plaît", qu'étaient pour eux des agressions verbales. Ils vivaient la politesse comme une défaite et forçaient ma nature à esquinter la langue de Molière, à rejoindre les codes de leur colère." (In Ma part de Gaulois. Arles : Actes Sud, 08/2016, p. 16).

"Ma mère m'aimait et les instits ouvraient des portes que je ne voulais pas laisser se refermer." (In Ma part de Gaulois. Arles : Actes Sud, 08/2016, p. 17).

"J'étais molletonné par une mère trop inquiète pour que je puisse jouir d'une écorchure, éprouver la douleur d'une bosse ou d'un quelconque bleu. [...]. Elle a écarté tant d'obstacles que j'ai cédé à l'évidence du droit chemin." (In Ma part de Gaulois. Arles : Actes Sud, 08/2016, p. 25).

"Comme le monde s'ouvrait à moi, j'ai fait de mon fardeau des ailes, de mes blessures un bouclier, de mes fêlures identitaires deux richesses dans lesquelles s'est engouffrée la seule idée qui vaille, l'universel." (In Ma part de Gaulois. Arles : Actes Sud, 08/2016, p. 259).

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