Erri de LUCA (né en 1950) (37 citations).

Citations d'Erri de Luca. Article mis à jour le : 02/12/2023.

"J'aimais les cris des mères du Sud envers leurs enfants, même leurs colères contenaient une mélodie. Et les pleurs des petits étaient un vacarme qui voulait se faire entendre. Chez nous, la consigne du mutisme était une surdité volontaire." (Erri de Luca In Le tort du soldat : récit, p. 43).

"Ecrire était une peinture, on trempait sa plume, on faisait tomber les gouttes jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une avec laquelle on arrivait à écrire la moitié d'un mot." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 14).

"En temps de guerre les gens sortent le pire et aussi le meilleur d'eux-mêmes." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 21).

"Les pensées sont comme des éternuements, elles s'échappent à l'improviste et moi je les entends." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 22).

"Nous, pensait-il, nous sommes une ceinture autour de la taille du monde. Avec le livre sacré, nous sommes la bande de cuir qui tient le pantalon d'Adam depuis qu'il s'est aperçu qu'il était nu. Le monde a eu envie bien des fois d'enlever sa ceinture et de la jeter. Il la trouve trop serrée." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 23).

"Tu cherches à tout prix un saint. Il n'y en a pas, pas plus que des diables. Il y a des gens qui font quelques bonnes actions et une quantité de mauvaises." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 25).

"Ce n'est pas bien de savoir ce qui se passe par la tête des gens. Tant de mauvaises intentions vont et viennent sans aboutir ensuite. Si je te dis ce qu'une personne pense d'une autre, c'est la guerre civile." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 27).

"On ne peut pas entendre les pensées de tout le monde, mais celles d'une personne à la fois." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 27).

"Au cours d'une enfance, des attachements s'enracinent qui ne se détachent plus." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 29).

"L'année commence demain pour nous. Puisse le Nôtre faire d'aujourd'hui le jour avant le bonheur." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 42).

"Le jour avant le bonheur n'était pas encore arrivé pour moi. Je voulais le connaître. Je ne voulais pas qu'il arrive à l'improviste sans que je m'en aperçoive le jour avant." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 44).

"Moi, je suis folle [...], je suis quelqu'un qui donne des ordres aux rêves et aux désirs." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 76).

"J'ai appris ainsi qu'on oublie le bonheur le jour après." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 101).

"J'étais un garçon renfermé, les secrets et les cachettes étaient en sûreté avec moi." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 126).

"On dit que l'argent n'a pas d'odeur, mais il en a bel et bien une et il donne une mauvaise odeur à celui qui le met sur lui." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 131).

"Le sang, c'est la vérité. Il ne dit pas de mensonges quand il sort et ne revient pas en arrière. C'est ainsi que doivent être aussi les paroles, une fois dites, tu ne peux plus les retirer." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 134).

"L'instruction nous donnait de l'importance, à nous les pauvres. Les riches s'instruiraient de toute façon. L'école donnait du poids à ceux qui n'en avaient pas, elle rendait égaux. Elle n'abolissait pas la misère mais, entre les murs, elle permettait l'égalité." (In Le jour avant le bonheur, Folio Gallimard, 2010, p. 148).

"Un homme qui ne fréquente pas de femmes oublie qu'elles ont une volonté supérieure." (In Le poids du papillon, Folio Gallimard, 2012, p. 41).

"Un homme ne parvient pas à vouloir autant qu'une femme, il pense à autre chose, il s'interrompt, une femme, non." (In Le poids du papillon, Folio Gallimard, 2012, p. 41).

"On ne répare rien après un tort commis. On peut seulement renoncer à le refaire." (Erri de Luca In Le poids du papillon, Folio Gallimard, 2012, p. 45).

"Un homme est ce qu'il a commis. S'il oublie, c'est un verre renversé, du vide enfermé." (In Le poids du papillon, Folio Gallimard, 2012, p. 46).

"On prend des leçons avec les animaux. Elles ne servent pas à réparer, seulement à s'arrêter." (Erri de Luca In Le poids du papillon, Folio Gallimard, 2012, p. 46).

"Les hommes ont inventé des codes minutieux, mais à la première occasion, ils s'entre-déchirent sans loi." (In Le poids du papillon, Folio Gallimard, 2012, p. 54).

"Il faut savoir vivre dans un village. Dans un endroit où tout le monde se salue par son prénom, il existe des usages inconnus à la ville." (In Le poids du papillon, Folio Gallimard, 2012, p. 58).

"J'ai appris la langue yiddish, parlée par onze millions de Juifs d'Europe de l'Est et rendue muette par leur destruction." (Erri de Luca In Le tort du soldat : récit, p. 12).

"De mon enfance il me reste le souvenir des livres mais pas d'un seul jouet. Il y en avait sûrement, ils se sont perdus. Petits soldats, petits trains, animaux, maisons : les jeux sont des miniatures du monde qui aident un enfant à se sentir géant. Ils lui permettent de grandir en supportant son infériorité." (In Le tort du soldat : récit, p. 17).

"J'ai peu joué, je préférais lire. Dans les livres, il était impossible de se sentir grand. Les histoires étaient immenses, en comparaison ma lecture était petite. Il y avait beaucoup de choses que je ne comprenais même pas. Les livres me confirmaient ma taille minuscule. Mais quelque chose grandissait en moi." (Erri de Luca In Le tort du soldat : récit, p. 17).

"C'était un des lieux du 20° siècle où l'irréparable avait été immense. Aucune justice ultérieure, aucune défaite des responsables ne pouvait égaler la damnation commise. Il existe un seuil du crime au-delà duquel la justice est moins que du papier toilette." (In Le tort du soldat : récit, p. 18).

"J'ai la manie de voir l'écriture partout. Je reconnais des lettres de l'alphabet dans les racines des conifères qui dépassent du sol et ancrent l'arbre dans le poing de la terre." (In Le tort du soldat : récit, p. 27).

"Pour moi, écrire c'est chausser des souliers à talons aiguilles. Je vais lentement, je titube et je me lasse vite. Je sais que je m'interromprai souvent." (In Le tort du soldat : récit, p. 37).

"En hébreu, un des noms de la divinité signifie : "Ce qui suffit". Ce titre m'a semblé humble et affectueux. Je ne suis d'aucune foi, mais pouvoir s'adresser à "Ce qui suffit" doit être une bonne ressource." (In Le tort du soldat : récit, p. 62).

"La voix humaine laisse dans l'ouïe des traces plus précises que les empreintes digitales." (In Le tort du soldat : récit, p. 63).

"J'aime m'émerveiller, ça met sur ma langue un goût de vanille." (In Le tort du soldat : récit, p. 75).


"A travers les livres de mon père, j'apprenais à connaître les adultes de l'intérieur. Ils n'étaient pas les géants qu'ils croyaient être. C'étaient des enfants déformés par un corps encombrant. Ils étaient vulnérables, criminels, pathétiques et prévisibles." (In Les poissons ne ferment pas les yeux, p. 16).

"Mais en fait, du haut de mes dix ans, je savais que c'était lui, Quichotte, qui avait raison : rien n'était tel qu'il semblait. L'évidence était une erreur, partout il y avait un double fond et une ombre." (In Les poissons ne ferment pas les yeux, p. 19).

"Je découvrais l'évidence de mon infériorité. Je ne suivais pas les passages d'une opération à l'autre. Incapable de demander, je restais en arrière. Je voyais les autres courir sur les nombres et moi immobile sur la ligne de départ. La découverte de l'infériorité sert à décider de soi." (In Les poissons ne ferment pas les yeux, p. 24).

"J'étais stupéfait qu'on puisse lire tout un livre en un seul jour. Aujourd'hui encore, je passe lentement sur les lignes, je vais à pied par rapport à ceux qui lisent à la vitesse d'un vélo." (In Les poissons ne ferment pas les yeux, p. 27).