Régine DETAMBEL (née en 1963) (24 citations).
Citations de Régine Detambel Article publié le 06/06/2015 à 10h24 et mis à jour le 04/06/2024 à 14h20.
"Légère, décalcifiée, un bambou creux, toujours menacée par une fracture du fémur. Maria avait dû quitter son chez-soi pour la chambre 106 d'une maison de retraite. Partition. Séparation. Oui, séparée d'une partie d'elle-même, restée dans la vieille maison à l'escalier raide. La maison a le souvenir de sa main sur la rampe, mais Maria bientôt ne l'aura plus." (Régine Detambel In Noces de chêne : roman. Paris : Gallimard, 09/2008, p. 49).
"Taine en était parvenu à la conclusion que la chevelure de Maria n'était pas parfumée mais qu'elle laissait échapper seulement une chaleur, une tiédeur. Le reste, Taine savait bien qu'il le fabriquait, l'odeur de fleur, l'odeur de fruit, qu'il inventait, mais, au fond, la chevelure de Maria, quand il y plongeait le visage, avait une odeur sentimentale. Voilà ce que pensait Taine, une odeur sentimentale comme on dit une valeur sentimentale." (Régine Detambel In Noces de chêne : roman. Paris : Gallimard, 09/2008, p. 25).
"Elle lui avait raconté déjà combien elle aimait sortir tête nue et marcher droit devant elle, à deux heures de l'après-midi, juste pour aller rafraîchir ses pensées dans la montagne." (Régine Detambel In Noces de chêne : roman. Paris : Gallimard, 09/2008, p. 37).
"S'il approche, le sommet grandit démesurément, devient gigantesque et menaçant, semble prêt à s'abattre sur lui, falaise en à-pic. Mais s'il recule, s'il fait mine de fuir, s'il gagne un bois de pins, alors le sommet s'éloigne à l'infini, sa tête minuscule et dense semble une corne de lune suspendue au-dessus de la ville." (Régine Detambel In Noces de chêne : roman. Paris : Gallimard, 09/2008, p. 41).
"Le bord de la route est planté de platanes. Il admire les grosses branches vertes, dans leur balancement sans fin. Il marche dans le tunnel de leur feuillage avec l'impression de se trouver à l'intérieur de l'écorce d'un concombre, et il se sent aussi moelleux que s'il en était la pulpe, quoiqu'il puisse être aujourd'hui, à quatre-vingts ans, un tantinet filandreux et granuleux." (Régine Detambel In Noces de chêne : roman. Paris : Gallimard, 09/2008, p. 43).
"L'amour que j'éprouvais pour Mina, personne ne l'aurait compris. Et si quelqu'un avait pensé à me regarder de près, alors il aurait été convaincu que j'avais pour Mina une vraie passion, quelque chose d'aussi fort et d'aussi nécessaire qu'un bébé qui a soif." (Régine Detambel In La verrière.- Gallimard, 08/1998, p. 41, Folio : 3107).
"Il faut qu'un livre soit plurivoque, un épais feuilletage de sens et non une formule plate, conseil de vie ou de de bon sens, pour avoir le pouvoir de nous maintenir la tête hors de l'eau et nous permettre de nous récréer." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 24).
"Peut-on penser que quelqu'un maîtrisera un jour l'effet d'un livre sur le lecteur ?" (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 26).
"Certaines lectures raniment." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 28).
"A tout âge, créer, c'est libérer des possibilités de vie susceptibles d'accroître à la fois la puissance de la sensibilité et la jouissance du fait de vivre." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 31).
"On peut être calmé psychologiquement par une poésie. Là est le pouvoir roboratif d'une œuvre littéraire. L'espoir de réparer la perte se trouve dans la rythmique et le ton de l'oeuvre écrite, c'est-à-dire là où le lecteur pressent la véracité de l'auteur, aussi infailliblement qu'un nourrisson devine si la personne qui le tient l'aime." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 41).
"Il y a en chacun de nous des zones endormies qu'une œuvre viendra réveiller." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 108).
"A tout âge, la lecture est une action privilégiée pour élaborer ou préserver un espace à soi, un espace privé, intime, un autre lieu, "une chambre à soi"." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 109).
"La lecture est une rencontre à laquelle personne ne prépare." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 114).
"J'éprouve toujours le même étonnement inquiet quand j'ai fini le livre. J'interromps souvent ma lecture, je vais lire quoi après ? Et je ralentis ma lecture." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 117).
"Je lis comme un prédateur. Quand je lis, j'ai l'appétit d'un fourmilier." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 118).
"Chaque sursaut de la lecture fait tressaillir et boire ce qui était immobile et sec, dans la tête et dans l'existence." (Régine Detambel In Les livres prennent soin de nous : pour une bibliothérapie créative, essai. Actes Sud, 2015, p. 132).
"Il prend son air d'enfant qui attend tout des mains d'une femme : le repas, les caresses et les soins. Elle ne veut plus." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 26).
"Comme toutes les victimes de désenchantement, elle doit se réhabituer aux bruits du monde, aux directions nouvelles, au temps que prennent les gestes réels." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 53).
"Ses lettres, elle les lisait tant qu'elle les usait. Le lendemain matin, elles n'avaient plus de goût, elles étaient de vieux chewing-gums gris qu'elle continuait à mordre mais qui ne sécrétaient plus rien." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 63).
"Il n'a jamais pleuré pour elle. Même ce matin où elle est si menue, si faible, si vieille, derrière leur ventilateur tordu, elle sait qu'il ne versera aucune larme sur elle." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 67).
"Il n'avait jamais sécrété une seule larme assez pleine pour rouler de ses yeux jusqu'à la pointe de son menton, comme celles, si mobiles, si rapides à glisser, des femmes et des enfants." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 68).
"Il est douloureux d'applaudir avec enthousiasme et sincérité parce que les veines de la paume sont tellement superficielles qu'on a mal tout de suite et des fourmis partout." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 94).
"Comme toutes les femmes qui seront bientôt seules ou qui vivent avec des hommes faibles, elle se passionne pour la fragilité." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 147).
"Comme toutes les femmes qui seront bientôt seules ou qui vivent avec des hommes faibles, elle se passionne pour la fragilité." (Régine Detambel In Le ventilateur : roman. Gallimard, 1995, p. 147).
J'aime bien la métaphore "de vieux chewing-gums gris qu'elle continuait à mordre mais qui ne sécrétaient plus rien".
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