Violette LEDUC (1907 - 1972) (21 citations).

Citations de Violette Leduc. Article mis à jour le : 04/02/2021.

"C'est lui que je souhaite et je souhaite l'impossible." (Cité par Annie Ernaux In Mémoire de fille. Paris : Gallimard, 2016, p. 91).

"Ma mère ne m'a jamais donné la main... Elle m'aidait à monter, à descendre les trottoirs en pinçant mon vêtement, à l'endroit où l'emmanchure est facilement saisissable. Cela m'humiliait." (In L'asphyxie, 1ère phrase).

"Je pense que les gens ne respectent pas la nuit. Ils la laissent dehors. Ils fichent le camp dans le sommeil." (In L'asphyxie, p. 107).

"Pendant que je parlais, grand-mère frictionnait mon dos. Elle frictionnait aussi mon courage." (In L'asphyxie, p. 112).

"L'amour ce n'est pas notre destin." (In L'asphyxie, p. 117).

"La lumière ne tenait qu'à un fil... Alors le chagrin me prit en main. C'était une sève qui circulait en moi comme l'eau dans les nochères... J'oubliai ma mère et moi-même en pleurant de toutes mes forces pour nous deux. J'étais gonflée de lui." (In L'asphyxie, p. 130).

"Mon cas n'est pas unique : j'ai peur de mourir et je suis navrée d'être au monde. Je n'ai pas travaillé, je n'ai pas étudié. J'ai pleuré, j'ai crié. Les larmes et les cris m'ont pris beaucoup de temps." (In La bâtarde, 1ère phrase).

"Le passé ne nourrit pas. Je m'en irai comme je suis arrivée. Intacte, chargée de mes défauts qui m'ont torturée." (In La bâtarde, p. 25).

"Foetus, je voudrais ne pas l'avoir été. Présente, éveillée en toi. C'est dans ton ventre que je vis ta honte de jadis, tes chagrins. Tu dis parfois que je te hais. L'amour a des noms innombrables." (In La bâtarde, p. 33).

"Souvent je me perdais, je m'oubliais. J'avais six ans, j'étais vieille. Une centenaire, une désabusée sans épreuves et sans expérience." (In La bâtarde, p. 44).

"Ma mère a voulu, après la mort de ma grand-mère, changer une petite fille en amie intime. Hélas ! pour elle et pour moi, j'ai été son réceptacle à douleur, à fureur, à rancœur." (In La bâtarde, p. 54).

"L'enfant retient sans comprendre : un océan de bonne volonté recevant un océan de paroles." (In La bâtarde, p. 54).

"Lorsqu'un père prenait son enfant sur ses genoux, lorsqu'il le faisait sauter en chantant "à dada, à dada", je rougissais, envahie de honte et de pudeur. Nous, nous vivions entre jupons." (In La bâtarde, p. 70).

"Pourquoi les bâtards ne s'entraident-ils pas ? Pourquoi se fuient-ils ? Pourquoi se détestent-ils ? Pourquoi ne forment-ils pas une confrérie ? Ils devraient tout se pardonner puisqu'ils ont en commun ce qu'il y a de plus précieux, de plus fragile, de plus fort, de plus sombre en eux : une enfance tordue comme un vieux pommier ." (In La bâtarde, p. 70).

"Mes deux tresses à la mode du village, elle les méprisait. Je j'ai écrit dans L'asphyxie : le soir près du poêle, elle murmura : "comme tu es devenue campagnarde." Elle le dit sans doute en passant. Elle me blessa avec un couteau. Je m'en allai dans la cour avec ma pélerine sur les épaules, je ne pleurai pas. Je croyais, dans le clair de lune, que je n'étais plus son enfant parce que je manquais de séduction." (In La bâtarde, p. 73).

"J'étais intimidée, je voulais être bien élevée. C'est ainsi que peut commencer l'hypocrisie." (In La bâtarde, p. 75).

"J'aurais préféré appeler encore mon beau-père "monsieur". "Père", c'était chaque fois la même arête dans mon gosier. Je me préparais à dire "bonjour père", "bonsoir père" comme nous nous préparons pour la table d'opération." (In La bâtarde, p. 77).

"Je ne niais pas Dieu. Je ne le situais nulle part. En semaine, j'entrais quelquefois dans les églises comme un chimiste recommençant la même expérience." (In La bâtarde, p. 97).

"La vie en hôtel meublé excite. Le mobilier se compte sur les cinq doigts de la main, il nous délivre de la peine des déménageurs. Ce qui se loue allège. C'est la transition entre le dénuement et la possession." (In La bâtarde, p. 239).

"La sympathie naît de la clarté." (In La bâtarde, p. 345).

"Mes cheveux s'allongent, si c'étaient des glaçons... Je mourrais de froid avec mon désir inutile de devenir intelligente. Kant, Descartes, Hegel, Spinoza : ma terre promise s'éloigne, ma terre promise s'en va. Avoir une vie intérieure, réfléchir, jongler, planer, devenir équilibriste dans le monde des idées. Attaquer, riposter, réfuter, quel match, quelle bagarre, quelles accolades. Comprendre. Le verbe le plus généreux. La mémoire. Retenir, geyser de félicité. L'intelligence. Ma privation déchirante. Les mots, les idées entrent et sortent comme des papillons." (In La bâtarde, p. 348).

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