Kamel DAOUD (Né en 1970) (17 Citations)


(c) Photo : L’écrivain algérien Kamel Daoud, en 2014. BERTRAND LANGLOIS/AFP

Citations de Kamel Daoud. Article publié le 10/11/2017 à 20h23 et mis à jour le 11/11/2024 à 11h22.

"Après le 31 décembre 1999, peut-être à cause de ce suprême massacre (il causa 1.001 morts en une nuit comme on dit 1.000 nuits pour dire qu'on ne compte plus, que c'est infini), la guerre civile algérienne cessa d'un coup. Elle avait touché son point de reflux, le haut de sa vague." (Kamel Daoud In Houris : roman.- Paris : Gallimard, 2024, p. 122, Prix Goncourt 2024).

"Que voulez-vous que je vous dise, monsieur l'enquêteur, sur ce crime commis dans un livre ? Je ne sais pas ce qui, le jour de cet été funeste, s'est passé entre six heures du matin et quatorze heures, l'heure du décès." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 27, collection Babel).

"A partir d'un certain âge, la vieillesse nous donne les traits de tous nos ancêtres réunis, dans la molle bousculade des réincarnations." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 37, collection Babel).

"Elle mentait non par volonté de tromper, mais pour corriger le réel et atténuer l'absurde qui frappait son monde et le mien." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, pp. 46-47, collection Babel).

"Je me suis toujours demandé : pourquoi ce rapport compliqué avec le vin ? Pourquoi diabolise-t-on ce breuvage quand il est censé couler à profusion au paradis ?" (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 61, collection Babel).

"Pourquoi le meurtrier a été relâché après sa condamnation à mort et même après son exécution, pourquoi mon frère n'a jamais été retrouvé, et pourquoi le procès a préféré juger un homme qui ne pleure pas la mort de sa mère plutôt qu'un homme qui a tué un Arabe." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 65, collection Babel).

"La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers ce Dieu, à pied s'il le faut, mais pas en voyage organisé" (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 76, collection Babel).

"Mon père ? Oh je t'ai dit tout ce que je savais sur lui. J'ai appris à écrire ce nom comme on écrit une adresse, sur mes cahiers d'écolier. Un nom de famille et rien d'autre. Aucune autre trace de lui, je n'ai pas même une vieille veste ou une photo. M'ma a toujours refusé de me décrire ses traits, son caractère, de lui donner un corps ou de me raconter le moindre souvenir." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 76, collection Babel).

"Après toutes ces années de célibat, j'en suis arrivé à la conclusion suivante à l'égard des femmes. Fondamentalement, je ne les ai jamais crues" (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 77, collection Babel).

"Les femmes ont l'intuition de l'inachevé et évitent les hommes qui prolongent trop longtemps leurs doutes de jeunesse." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 78, collection Babel).

"Personne ne semblait avoir entendu les deux coups de feu. A l'époque, on tuait beaucoup, je te l'ai dit, c'étaient les premiers jours de l'Indépendance. Durant cette période étrange, on pouvait tuer sans inquiétude ; la guerre était finie mais la mort se travestissait en accidents et en histoires de vengeance." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 89, collection Babel).

"La seule chose qui avait changé pour moi, peut-être, était cette sensation que je t'ai déjà décrite : au moment où j'ai commis ce crime, j'ai senti une porte qui, quelque part, se refermait définitivement sur moi. J'en conclus que j'étais condamné -et pour cela, je n'avais besoin ni de juge, ni de Dieu, ni de la mascarade d'un procès. Seulement de moi-même." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 97, collection Babel).

"Je crois que c'est cela le grand style finalement, parler avec la précision austère que vous imposent les derniers instants de votre vie. Imagine un homme qui se meurt et les mots qu'il prononce. C'est le génie de ton héros : décrire le monde comme s'il mourait à tout instant, comme s'il devait choisir les mots avec l'économie de sa respiration. C'est un ascète." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 110, collection Babel).

"Je ne voulais pas tuer le temps. Je n'aime pas cette expression. J'aime le regarder, le suivre des yeux, lui prendre ce que je peux." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 115, collection Babel).

"Comment font les gens qui s'aiment ? Comment se supportent-ils ? Qu'est-ce qui semble leur faire oublier qu'ils sont nés seuls et mourront séparés ?" (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 125, collection Babel).

"Tu l'as compris, j'allais connaître ce que la vigilance de M'ma avait toujours réussi à neutraliser : l'incandescence, le désir, la rêverie, l'attente, l'affolement des sens. Dans les livres français d'autrefois, on appelle ça le tourment." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 2016, p. 139, collection Babel).

"L'amour. Quelle sensation étrange, non ? Ca ressemble à de l'ébriété. On éprouve la perte de l'équilibre et des sens, mais qui s'accompagne d'une acuité étrangement précise et inutile." (Kamel Daoud In Meursault, contre-enquête : roman.- Arles : Actes Sud, 05/2016, pp. 142-143, collection Babel).

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