Paule CONSTANT (Née en 1944) (18 Citations).

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Citations de Paule Constant. Article publié le 14/10/2019 à 18h26 et mis à jour le 05/06/2024 à 16h18.

"Leur ivresse n'était pas bonne, ils ne la devaient pas au vin, ni à l'alcool, ni à la drogue mais à l'insecticide. Elle venait du travail de l'effort, de la fatigue. Ils ne sortaient point du cabaret mais de la bananeraie et leurs gestes incontrôlés étaient des spasmes d'insectes qui meurent." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 73, Folio : 2364).

"Beretti commanda à boire. Bien qu'il fit déjà chaud, ils refusèrent, une habitude comme cela de dire toujours non à ce qui fait plaisir, pour ne pas obliger." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 17, Folio : 2364).

"Ils avaient été sans cesse contraints, pressés, limités. Tout avait été pour eux trop petit, mesquin, les tables des bistrots, le contenu des verres et celui des esprits." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 21, Folio : 2364).

"Ils tendaient la tête vers lui ; les yeux creux, la barbe bleue, ils s'efforçaient de sourire. Ils espéraient un regard, ils quêtaient un signe. Beretti leur disait qu'il n'y en avait plus pour longtemps, sans que l'on sût s'il prévoyait la fin de leur vie ou la fin du voyage, et il refermait vivement la porte." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 23, Folio : 2364).

"... Vous êtes toutes les mêmes, vous croyez qu'il suffit de se présenter pour être engagées. Vous croyez qu'il suffit de venir en Afrique pour toucher le gros lot. Et bien je vais te dire, l'Afrique c'est comme l'Amérique, rudement difficile." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 48, Folio : 2364).

"A la lueur des phares, il ne la reconnut pas vraiment, elle avait relevé ses cheveux. Pour la première fois, il devina les contours de son visage. Il fut ému par l'innocence du cou et la fraîcheur des joues." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 56, Folio : 2364).

"Victor sentit qu'il avait franchi la ligne de partage des eaux, celle du partage du monde, et que le tracteur le conduisait lentement mais inexorablement vers les déchus, les pauvres et les paumés." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 56, Folio : 2364).

"C'était trop loin, trop profond, il faudrait trop d'efforts, trop de temps pour remonter la pente ; déjà là, on ne devinait plus le jour." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 60, Folio : 2364).

"Victor se sentait tomber au fond de la nuit par une série de chutes qui achevaient de le précipiter, du petit village à Bordeaux dans les entrailles de LA VOLONTE DE DIEU, de la cale du bateau au quai de Port-Banane, de Port-Banane à ce village sans nom, dans ce trou ultime et obscur qu'était le salon misérable de Guastavin, dans quelque chose qui approchait le désespoir." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 60, Folio : 2364).

"On ne sait jamais comment, mais même dans la vie quotidienne, entre les êtres les plus ordinaires, il y a des retournements quasi politiques, des renversements d'alliances, des ruptures subites, des accords secrets et comme sur les champs de bataille les plus héroïques, il y a des défaites, des retraites, des déroutes, et certaines débâcles vous laissent plus exsangue que mille morts." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 61, Folio : 2364).

"Il était plein d'amertume, de la rancœur par-dessus la tête." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 62, Folio : 2364).

"Le temps leur était compté. Ici, l'enfance ne durait pas. Alors que d'autres se croient éternels ou immortels, ces enfants savaient qu'ils n'en avaient plus pour longtemps. Bientôt les bosses des fourmis leur pousseraient sur la tête et endormiraient leur vie, leur plaisir, leur bonheur." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 65, Folio : 2364).

"Guastavin était un homme de confiance, un homme d'ordre. Tant de confiance et d'ordre lui montait à la tête, il croyait n'en jamais faire assez. Il avait de véritables crises de désespoir parce que les jours n'étaient que de vingt-quatre heures, parce que les coolies n'avaient que deux bras et deux jambes." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 70, Folio : 2364).

"En peu de temps, tous les travailleurs de la bananeraie, du plus petit au plus important, avaient vu dans le contremaître l'unique ennemi, celui qui imposait des cadences infernales, celui qui mesurait l'étendue de la coupe, celui qui fixait les horaires, celui qui distribuait les salaires et surtout les terribles amendes, les retenues." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 71, Folio : 2364).

"Ils quittaient l'école, les filles rejoignaient la sècherie et avec la même ardeur les garçons allaient travailler à la bananeraie. Dès qu'ils n'étaient plus enfants, ils n'avaient plus d'âge." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 72, Folio : 2364).

"Elle était un astre vivant, une boule de feu qui avait roulé jusque-là, de la foudre pétrifiée, de la lave incandescente." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 80, Folio : 2364).

"Quand le stock qu'il s'était engagé à écouler lui restait sur les bras et sur le cœur, le Directeur se lançait dans des promotions désespérées : on en achète trois et on emporte le quatrième, puis : on en achète deux, on en emporte quatre, qui avaient peu de succès. Les habitants du VILLAGE-MODELE n'étaient pas intéressés. Pourquoi auraient-ils pris cinq de ces objets alors qu'ils n'en avaient pas envie d'un seul ?" (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 82, Folio : 2364).

"Sa langue était à la fois abstraite et pleine d'esprit, imagée aussi, mais d'une manière dont on a perdu l'usage. Sans qu'il en eût conscience, ses mots s'imprimaient sur son corps et ses gestes avaient quelque chose de suranné et de dansant. Beaucoup de révérence dans les bras et dans la cuisse, une cerise sur la bouche. Clément au village, c'était Bougainville à Tahiti. Version black." (Paule Constant In White Spirit.- Paris : Gallimard, 1989, p. 86, Folio : 2364).

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