Klaus MANN (1906 - 1949) (8 citations).

"Les souvenirs sont faits d'une substance étrange -ils sont trompeurs et pourtant impérieux, puissants et impalpables. On ne peut pas se fier au souvenir, et pourtant il n'y a pas d'autre réalité que celle que nous portons dans notre mémoire." (In Le tournant, p. 29).

"Cocteau n'est ni un moraliste, ni un lyrique, mais un esthète absolu, un fanatique de la forme, de l'apparence, de l'expression, du geste. Il n'y a pour lui qu'un seul péché impardonnable : le manque de style, le dilettantisme." (In Le tournant, p. 295). 

"Les représentants de ce nationalisme -les nazis et leurs amis- n'avaient-ils pas raison de qualifier de "déracinées" des existences comme la mienne ? Je n'avais pas de racines, et je ne voulais pas en avoir, dans ce Sol que ces gens-là, de façon caractéristique, associaient si volontiers au sang." (In Le tournant, p. 342).

"Le national-socialisme et toutes les autres formes de fascisme affirment qu'ils sont soutenus par les jeunes. Or, je suis jeune moi-même, je vis au milieu de gens jeunes, et je sais que le fascisme ne peut que décevoir les jeunes gens de valeur. Ceux qui s'y réfugient par ignorance y cherchent l'aventure. Mais la discipline militaire et finalement la guerre sont les seules formes d'aventure que le fascisme ait à offrir". (In Le condamné à vivre).

"Un des avantages de l'exil, c'est que les rapports avec les gens sont plus intenses et n'ont rien à voir avec les contacts que l'on noue lors d'un court séjour à l'étranger. Nous avions beaucoup voyagé avant Hitler, nous avions cru connaître assez bien l'Europe et même les Etats-Unis. En réalité, nous avions seulement été "en visite", sans avoir été le moins du monde concernés par la vie des pays où nous avions séjourné quelque temps". (In Fuir pour vivre).

«L’enfant est proche de l’homme primitif : innocent et avide, sans ruse et sans pitié, ignorant et créateur.» ( In Le tournant : histoire d’une vie, p. 33).

 "Ma belle et grande patrie en est arrivée à un point tel que c'est un honneur d'en être banni par ses dirigeants. De cette façon, il nous est confirmé officiellement que nous n'avons rien à voir avec cette ignominie et que notre combat n'est pas passé inaperçu aux yeux du pouvoir -pourquoi sinon cette rage. Cette privation de ma nationalité a vraiment la valeur d'un geste honorifique -quelque chose comme une petite décoration."

"Je sens ma propre solitude grandir autour de moi -ombre envahissante qui recouvre, obscurcit et noie toute chose. il n'y a plus de formes -seulement des espaces nébuleux. Aucun but, aucun sourire et aucun mot : rien qu'un silence de neige. Je suis aussi libre que j'ai toujours désiré l'être, aussi seul que j'ai toujours craint de le devenir." (In Le condamné à vivre).