Imre KERTESZ (1929 - 31/03/2016) (45 citations).
Citations d'Imre Kertesz. Article publié le 10/12/2013 à 22h08 et mis à jour le 11/07/2024 à 10h58.
"La maladie n'a rien à voir avec nos conceptions -en fin de compte, la maladie n'a rien à voir avec nous, tout au plus elle nous tue. Elle n'a rien à voir avec la morale, avec nos actes, elle n'a aucun rapport avec nos vertus ou nos fautes. Les cellules sont aveugles et nous gouvernent d'une manière absurde. Voilà pourquoi la vie est une chose moyennement sérieuse." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, pp. 36-37).
"En lisant Kafka, on peut avoir honte d'oser écrire soi-même. J'ai à nouveau été subjugué par le génie qui émane de chaque phrase, de chaque mot et qui est resté sans pareil." (Imre Kertesz In Le jardin des trivialités, notes, p. 185).
"Une existence sans être, ou plutôt, un être sans existence. C'est la grande nouveauté du siècle." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 12).
"Je crains qu'on aime les gens dits bons que parce qu'ils sont faibles. Et en ce qui concerne la compréhension : il n'y a rien, il ne saurait rien y avoir de tel entre les hommes." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 29).
"Un monde heureux et équilibré -quelle illusion ! Il apparaît que l'homme est une espèce malchanceuse. Tout ce qu'il commence bien finit mal. On pourrait résumer ainsi brièvement toute son histoire." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 41).
"Un monde heureux et équilibré -quelle illusion ! Il apparaît que l'homme est une espèce malchanceuse. Tout ce qu'il commence bien finit mal. On pourrait résumer ainsi brièvement toute son histoire." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 41).
"Rien de plus stupide que de demander pourquoi on a mérité un tel sort -bien qu'on ne le comprenne pas. Mais c'est justement le destin et tous paient d'avoir osé naître." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 48).
"Je n'ai aucun lien avec les grandes forces créatrices qui m'envoyaient autrefois des messages. Je vis comme un mort : l'existence s'est échapée de moi." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 49).
"Dans l'état actuel du monde, il est quasiment honteux de parler de grand art et pourtant je ne crois pas que l'homme y ait totalement renoncé, bien que l'homme dominant ait perdu les caractéristiques humaines qui président au besoin et à la création de grand art." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 87).
"Une ou deux questions se posent à propos de ma valeur comme écrivain, concrètement, l'absurdité du fait que, d'un coup, mes livres se vendent à des centaines de milliers d'exemplaires. Qu'est-ce que cela change ? Question inutile, je crois ; je ne veux pas me voir dans le regard des autres. Je dois me démarquer de l'image de Kertesz qui circule dans le monde." (Imre Kertész ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Hussvai et Charles Zaremba In L'ultime auberge.- Arles : Actes Sud, 2015, p. 105).
"Je communiquais avec le monde à travers la lecture, cet épiderme des strates de mon existence, comme à travers un vêtement de protection." (In Le drapeau anglais : récit ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba. Arles : Actes Sud, 2005, p. 14).
"Ce monde adouci par la lecture, distancié par la lecture, annihilé par la lecture était un monde mensonger, mais lui seul était vivable et parfois même presque supportable." (In Le drapeau anglais : récit ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba. Arles : Actes Sud, 2005, p. 14).
"Il faut craindre que les formules trempées dans le solvant de la littérature ne retrouveront plus jamais leur densité ni leur réalisme." (In Le drapeau anglais : récit ; trad. du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba. Arles : Actes Sud, 2005, p. 36).
"Tout en moi est immobile, profondément endormi. Je remue mes sentiments et mes pensées comme une benne de goudron tiède." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 9).
"J'ai été sauvé de moi-même ? On m'a simplement rendu la condition minima, ma liberté individuelle -la porte de la cellule où j'ai été enfermé pendant quarante ans s'est ouverte, certes en grinçant, et il se peut que cela suffise à me perturber. On ne peut pas vivre sa liberté là où on a vécu sa captivité." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 11).
"Il voudrait mettre un terme aux tentatives de bonheur qui échouent sans cesse." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 11).
"Remonter à la surface, sortir du tourbillon trouble des relations qui se succèdent depuis des années. Il en a assez de reconnaître dans chacune de ses relations ses propres insuffisances. Il entrevoit une vie brève, intense, créative." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 12).
"Hier soir dans mon lit, je me suis longuement efforcé d'imaginer mon inexistence." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 15).
"Croire que ma vie m'appartient serait une erreur. Mais la négliger, la laisser se gâcher, s'égarer serait une erreur plus grande encore." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 15).
"Comprendre est toujours se méprendre. Peut-on dire dès lors que la méprise maintient les oeuvres en vie ? Probablement pas." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 19).
"Qui s'étonne encore que -en apparence- les hommes changent si facilement d'idée (ou, comme ils aiment le dire, de "conviction") ? Chaque conviction sert de masque à un type d'homme, et quelle que soit la conviction dont il se pare, il reste le même, il fait toujours la même chose." (In un autre : chronique d'une métamorphose, p. 23).
"Ce à quoi aboutit Wittgenstein est absolument vrai : dans la croyance religieuse, c'est surtout et essentiellement le point de départ qui est vrai, à savoir que la situation de l'homme est désespérée." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 23).
"Un excès de réflexion rend malheureux ou mystique." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 26).
"Un écrivain doit surtout éviter, quand il n'a plus rien à dire, de devenir soudain, au cours de son écriture, spirituel." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 26).
"Il est possible qu'il y ait vraiment eu en moi une espèce d'innocence -disons plutôt de naïveté- qui a déterminé mon rôle dans le grand marché humain de l'exploitation générale. Le poison que secrète cette situation humiliante aurait pu me tuer, mais le laboratoire de ma cuisine spirituelle en a extrait d'une certaine façon le piment le plus fort de ma vie." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 31).
"J'aime mon destin qui tend vers la dégradation." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 32).
"L'Europe barbue ressemble au vieil avare qui pendant le quart d'heure américain frappe de sa canne la jeune fille qui l'invite à danser car il ne peut s'empêcher de penser qu'on en veut à son argent. La mesquinerie de ce monde respire l'approche de la sclérose et la prescience de son propre enterrement." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 39).
"Je sens devant mes yeux partir en lambeaux le reste de voile (peu importe qu'on le nomme habitude ou même culture), à travers lequel j'ai regardé jusqu'à présent le monde, et soudain, mon regard porte très loin, directement et sans rencontrer d'obstacle jusque dans le néant." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 58).
"Je crains de ne jamais plus pouvoir parler sérieusement. Mon âme croit en quelque chose que ma raison est obligée de nier." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 59).
"Je ne sais pas pourquoi la morale de l'oppression serait plus naturelle que les nuisances de la liberté." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 61).
"Les églises trop décorées recèlent une sorte de mystification de mauvais goût tout simplement impardonnable. On dirait des rubans sur la hache du bourreau." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 61).
"Je ne veux plus convaincre personne de rien. Je veux seulement écrire tant que je pourrai le faire, parce que j'aime cela." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 64).
"Si Auschwitz n'a servi à rien, Dieu a fait faillite." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 64).
"Vous n'attendez quand même pas de moi que je conceptualise mon appartenance nationale, religieuse et raciale ? Vous ne voulez quand même pas que j'aie une identité ? Je vais donc vous l'avouer : je n'ai qu'une seule identité, l'écriture." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 67).
"Parfois, on se purifie comme la nature, quand le vent frais emporte les nuages lourds, balaie l'air pesant, les vapeurs étouffantes : cette éclaircie intérieure est aussi peu explicable que ces phénomènes atmosphériques." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 68).
"Dans quelques années, tout cela disparaîtra ; tout, tout changera, les gens, les maisons, les rues ; les souvenirs seront emmurés, les blessures bétonnées, l'homme moderne, avec la souplesse qui le caractérise, oubliera tout, il évacuera de sa vie les sédiments troubles de son passé, comme le marc du café." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 72).
"Il est utile de visiter parfois les endroits où se sont dérouler les minutes décisives de notre vie, ne serait-ce que pour nous apprendre que nous n'avons rien de commun avec nous-mêmes. C'est une découverte pénible que nous tâchons de dissimuler sous les différentes formes et sublimations de la fidélité, parce que sinon l'inconstance de notre personnalité laisserait entrevoir la folie pure." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 73).
"Notre époque est celle de la vérité, c'est indubitable. Et bien que par habitude on continue à mentir, tout le monde y voit clair." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 82).
"J'écris ces lignes avec amertume et une satisfaction particulière (si ce n'est du plaisir), tout en ressentant profondément la fragilité de mon existence, son inutilité et son anachronisme. Qu'est-ce qui me meut, pourquoi est-ce que je noircis du papier avec mon stylo bille ? Mes matins secrets, mes promenades secrètes, mes mortifications solitaires et intimes -à quoi bon ?" (In un autre : chronique d'une métamorphose, p. 86).
"Je perds ma réceptivité à la joie, à la folle beauté de la vie, -je perds ma réceptivité à moi-même. Je perds mon superflu, le superflu de ma vie où réside ma richesse, la source éventuelle de la création." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 88).
"Aridité infinie quand un sentiment nous abandonne. Quand on vient de lire un gros livre et qu'on s'était fondu dans son monde ; quand on met fin à une relation amoureuse ; quand les coups d'aiguillon de l'inspiration cessent -et soudain, tu perçois, tu aperçois un monde sans but, sans désir, sans volonté, sans aucune de tes manipulations : simplement tel qu'il est." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 89).
"Je sais que la souffrance de mon savoir ne me quittera jamais." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 97).
"S'il est vrai, comme dit Camus, que le bonheur est un devoir, alors cette vérité ne sera parfaitement pertinente que si nous tirons au clair envers qui c'est un devoir : nous-mêmes, les autres hommes, Dieu, peut-être." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 109).
"J'ai compris que le bonheur -mon bonheur- est à l'opposé de toute facilité." (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 112).
"Existe-t-il un moyen de comprendre qui ne soit pas une possession, une prise en son pouvoir de ce que l'on comprend ?" (In Un autre : chronique d'une métamorphose, p. 114).
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